Echappée amoureuse

Sous un ciel chaviré de lueurs incertaines,
Le vent s’éprend des champs, caresse les blés,
Et l’amour, ce voyou aux élans débridés,
Se rit des lois du cœur et des âmes hautaines.

Dans l’ombre des buissons, les soupirs clandestins
S’entrelacent, brûlants, comme un feu de détresse.
L’éclat brut d’un baiser fend l’air avec ivresse,
Tandis que l’horizon s’efface au loin, lointain.

Ô folie des amants, vos corps en débandade
Défient les cieux muets et leurs vastes parades !
Vos rires sont des cris qu’étouffe le néant.

Mais quand viendra le jour où l’aube se dérobe,
L’amour, ce vieux forban, reprendra son tourment,
Laissant derrière lui des cendres et des robes.