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Depuis son indépendance en 1960, Madagascar a été secouée par une instabilité politique chronique, marquée par des cycles de soulèvements populaires, d'interventions militaires et de changements de République. Ces crises récurrentes ont invariablement freiné le développement économique et social du pays.
1. La Crise de 1972 : Fin de la Première République
· Contexte et Causes : La Première République, dirigée par le président Philibert Tsiranana, était de plus en plus contestée pour son autoritarisme, sa gestion jugée népotiste et sa forte dépendance vis-à-vis de la France (politique de « malgachisation » jugée trop lente). Le pays faisait face à un mécontentement populaire croissant, notamment des étudiants.
· Déroulement : Les manifestations étudiantes du mai 1972 à Antananarivo, violemment réprimées, ont dégénéré en une grève générale et un soulèvement populaire.
· Conséquences : Tsiranana fut contraint de transférer ses pouvoirs au Chef d'état-major général de l'armée, le Général Gabriel Ramanantsoa. Cet événement marque la fin de la Première République et l'instauration d'un régime militaire de transition.
2. La Crise de 1991 : Le Mouvement des Forces Vives
· Contexte et Causes : Après seize années de régime socialiste sous la Deuxième République dirigée par l'Amiral Didier Ratsiraka, le pays était en proie à un marasme économique profond et à une forte demande de démocratisation.
· Déroulement : Un large mouvement de contestation, mené par les « Forces Vives » de l'opposition, a organisé d'énormes manifestations populaires pacifiques (dites « grèves de sit-in ») réclamant le départ de Ratsiraka. L'apogée fut le Massacre du 10 août 1991, lorsque l'armée tira sur des manifestants marchant vers le Palais d'Iavoloha.
· Conséquences : Sous pression, Ratsiraka accepta de transférer une partie de ses pouvoirs à un gouvernement de transition. Cette crise mena à l'adoption de la Constitution de la Troisième République en 1992 et à l'élection d'Albert Zafy en 1993.
3. La Crise Post-Électorale de 2002
· Contexte et Causes : La crise est née du double décompte des résultats de l'élection présidentielle de décembre 2001 opposant le président sortant Didier Ratsiraka et le maire d'Antananarivo, Marc Ravalomanana. Les deux hommes se déclarèrent vainqueurs.
· Déroulement : Le pays fut divisé entre les provinces côtières (fiefs de Ratsiraka) et la capitale et les Hautes Terres (fief de Ravalomanana). La crise prit la forme d'une guerre civile larvée avec barrages économiques, affrontements et une paralysie institutionnelle totale. L'armée s'est également scindée.
· Conséquences : Après un recomptage des voix et une décision de la Haute Cour Constitutionnelle, Ravalomanana fut finalement proclamé président. Ratsiraka partit en exil en juillet 2002, marquant une rupture majeure et une transition violente.
4. La Crise de 2009 : Le Coup d'État Contre Ravalomanana
· Contexte et Causes : La présidence de Marc Ravalomanana fut de plus en plus critiquée pour sa dérive autoritaire et la confusion des intérêts publics et privés (notamment son groupe TIKO). Le maire d'Antananarivo, Andry Rajoelina, prit la tête d'un vaste mouvement d'opposition.
· Déroulement : Des manifestations violentes ont eu lieu début 2009, marquées par des pillages et des incendies. L'armée s'est progressivement ralliée à l'opposition. Le 17 mars 2009, Ravalomanana fut contraint de démissionner sous la pression militaire.
· Conséquences : L'armée transféra immédiatement le pouvoir à Andry Rajoelina, qui s'autoproclama Président de la Haute Autorité de Transition (HAT). Ce fut un coup d'État qui isola Madagascar sur la scène internationale pendant cinq ans, jusqu'à l'élection d'Hery Rajaonarimampianina en 2014.
5. La Crise de 2018-2025 : L'Instabilité Récente
· Contexte et Causes : Bien que les élections de 2018 aient vu le retour d'Andry Rajoelina au pouvoir, le pays a continué de souffrir d'une pauvreté extrême, d'une faiblesse institutionnelle et d'une défiance politique. La période est marquée par des tentatives de destitution et un climat social explosif.
· Déroulement : En 2018, une crise institutionnelle a failli mener à une nouvelle transition. Plus récemment, en octobre 2025, la contestation populaire contre Rajoelina (menée notamment par le collectif "Gen Z") a dégénéré. Une majorité de l'Assemblée nationale a voté sa destitution, et une unité militaire (le CAPSAT) a annoncé prendre le pouvoir.
· Conséquences : Cette situation, très récente, illustre la vulnérabilité persistante du système politique malgache, où la rue et l'armée continuent de jouer un rôle d'arbitre en l'absence de confiance dans le jeu démocratique et institutionnel.
Sources Principales
o Ifri (Institut français des relations internationales) et Cairn.info (Analyses sur les causes profondes et les impacts économiques des crises de 1972, 1991, 2002 et 2009).
o Banque mondiale (Chiffrage des coûts des crises politiques).
o AFP, RFI, France 24 (Couverture et chronologie de la crise récente de 2025 et de celle de 2009).
o Présidence de la République de Madagascar (Historique des Présidents et des événements majeurs).
o Wikipédia (Articles détaillés sur les Crises de 2009 et autres événements).