Parasite, 2019
Des millions d’entrées en France en seulement quelques jours, le titre de la prestigieuse et meilleure Palme d’Or dans l’histoire et premier film sud-coréen à l’obtenir ?
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Des millions d’entrées en France en seulement quelques jours, le titre de la prestigieuse et meilleure Palme d’Or dans l’histoire et premier film sud-coréen à l’obtenir ?
Parasite est un film sud-coréen sorti en 2019 et réalisé par le renommé scénariste et réalisateur Bong Joon-ho, le premier à avoir égalé le record de Walt Disney avec un total de 4 Oscars remportés dans la même soirée. Bong Joon-ho remporte ainsi la vedette lors du Festival de Cannes de 2019, l’un des festivals de cinéma les plus célèbres au monde, récompensant les meilleures productions mises en compétition lors de l’évènement, à Cannes en France.
Le film présente une cause sociale simple mais profonde, méritant l’audience qu’il a atteinte : la dure réalité des classes sociales, qu’on pense avoir enterrée dans l’histoire mais qui perdure toujours sous une apparence différente. C’est un problème banalisé qui gouverne pourtant les comportements en société dans le monde entier. Parasite est également une œuvre cinématographique engagée qui critique le libéralisme économique et transmet un message universel.
Résumé
Bong Joon-ho met en scène les membres de la famille Kim : Ki-taek, sa femme Chung-seok, leur fils Ki-woo et leur fille Ki-jung, vivant dans un appartement insalubre en sous-sol. Dans le but d’échapper à la pauvreté, ils élaborent des stratagèmes pour se faire engager par la famille Park, des personnes aisées. En prétendant être des professionnels hautement qualifiés, ils parviennent à faire virer l’ancien personnel de la maison et à les remplacer. Très vite, la famille Kim profite de la richesse des Park en utilisant la maison en leur absence. Le film capte l’attention du public par les actes immoraux que commet la famille Kim pour parvenir à ses fins, dans un mélange de comédie, d’horreur et de messages profonds.
Avis
Parasite est largement apprécié par le public. Les taux d’approbation importants sur des sites de critique reconnus comme Rotten Tomatoes et Metacritic en témoignent. Il est présenté comme impactant et divertissant, et classé parmi les meilleurs films de 2019. Des journaux célèbres comme The New York Times ou Vulture partagent un avis très positif. Le journal Le Monde cite : « Sous ses airs de comédie, Parasite devient une tragédie moderne sur la lutte des classes. »
Cependant, certains avis sont plus nuancés. Quelques spectateurs estiment que les brusques changements de tonalité empêchent de s’attacher aux personnages. D’autres trouvent le sujet vu et revu, avec une intrigue parfois ennuyante. Le Figaro écrit : « Le propos social est fort, mais parfois trop démonstratif. On sent la volonté d’appuyer le message au détriment de la subtilité. »
Portée du film
Ce film, qui à première vue semble dénoncer l’immoralité des populations en difficulté financière, révèle en réalité le système caché qui structure les sociétés : une relation de dépendance mutuelle entre les « pauvres » et les « riches ». C’est d’ailleurs ce concept qui inspire le réalisateur à intituler son film : Parasite. Un parasite dépend de son hôte. Dans le film, la famille Park dépend du travail de la famille Kim, qui elle, dépend de la famille Park pour survivre. Selon Bong Joon-ho, les riches et les pauvres sont tous deux parasites l’un de l’autre.
Le film reflète la situation socio-économique difficile en Corée du Sud : taux de chômage élevé chez les jeunes, crise du logement et écart socio-économique croissant entre les riches et les pauvres. Il met en lumière un problème auquel le monde entier est confronté.
Cette production aborde des thèmes émouvants. Elle illustre le sentiment d’inégalité des plus démunis. Dans le film, la famille Kim est contrainte de prétendre posséder des qualifications qu’elle ne peut se permettre d’acquérir, à cause de leur faible revenu. Cette situation montre la difficulté de grimper l’échelle sociale et questionne l’idée selon laquelle le dur labeur suffit à sortir de la pauvreté.
Bong Joon-ho a conçu ce film de manière très symbolique. Chaque élément représente quelque chose. Cette précision maximise l’immersion du public, qui ne se contente pas de visualiser le contraste entre riches et pauvres, mais le ressent. Par exemple, le film passe maladroitement du genre comédie au thriller pour montrer l’instabilité de la vie des pauvres ; la grande villa en montagne des Park symbolise le pouvoir et le privilège, tandis que l’appartement en sous-sol des Kim symbolise l’exclusion et la précarité.
Parasite explore également la complexité du jugement moral. La famille Kim commet des actes impardonnables, mais un regard plus attentif suscite de l’empathie. Jusqu’où l’immoralité peut-elle être acceptée ? C’est là une nouvelle vision des « crimes » qu’apporte le film.
Impression personnelle
Personnellement, le film m’a semblé se concentrer sur la démonstration des actes odieux que la famille Kim est prête à commettre pour survivre. C’était une thématique très émouvante qui remet en question les limites de l’immoralité et suggère un état d’esprit plus empathique. Toutefois, j’ai eu du mal à m’attacher aux personnages, ce qui limite l’immersion et l’impact émotionnel.
La différence entre le cadre de vie des riches et des pauvres est bien mise en scène. Un moment qui m’a beaucoup touché est lorsque Madame Park discute au téléphone dans sa voiture à propos du ciel bleu après la pluie, espérant qu’il pleuve encore. Monsieur Kim, au contraire, conduit en fixant le vide, repensant aux dégâts causés par la pluie dans sa maison. Ce qui est une source de bonheur pour les riches devient un enfer pour les pauvres.
Un autre moment poignant est lorsque Monsieur Park se plaint d’une odeur d’égout, qui est en réalité l’odeur habituelle de Monsieur Kim. L’émotion sur le visage de Monsieur Kim à ce moment m’a profondément touché : frustration, déception, tristesse, reflétant le quotidien des pauvres.
J’ai apprécié que le film ne soit pas centré sur l’accusation d’une catégorie sociale. Il ne méprise ni les riches pour leurs privilèges, ni les pauvres pour leurs actes immoraux. Il montre simplement ce contraste, une triste réalité que le monde a souvent négligée.
Parasite de Bong Joon-ho s’impose comme une œuvre cinématographique engagée, universelle et profondément humaine. Derrière son mélange habile de comédie et de drame se cache une réflexion puissante sur la condition sociale, la dépendance mutuelle entre classes et l’illusion du mérite dans nos sociétés modernes. En exposant sans jugement la fragilité des pauvres et l’indifférence des riches, le réalisateur pousse le spectateur à prendre conscience des injustices invisibles qui structurent notre monde. Parasite ne se contente pas de divertir : il dérange, émeut et invite à repenser notre rapport à l’autre et à l’égalité.